CHAPITRE 8 (extrait)


Sophie Djowak

« Si tu peux rester digne en étant populaire,

Si tu peux rester peuple en conseillant les rois... »

 Rudyard Kipling

 

 

***

 

          Dans ma nouvelle école, avant même que je m’y présente le premier jour, après le retour des Fêtes en janvier, les rumeurs courraient déjà que D.A.D. était insolent, impoli, injurieux, irrespectueux. Tous ces mauvais traits de caractère de moi étaient vrais dans mon ancienne école… Mais, pas dans ma nouvelle école, ce n’était plus du tout moi ce personnage-là.

            Très peu de personnes me connaissaient à New Richmond d’ailleurs. Donc, j’avais l’occasion de me reprendre en main et de faire taire toutes les rumeurs à mon propos dès les premiers jours. Le seul bénéfice que je voyais d’avoir exercé le rôle de l’abominable D.A.D. durant toutes ces années, c’était qu’au moins, ce personnage m’avait permis de forger mon caractère pour me faire respecter pour qui j’étais vraiment cette fois-ci…  

            Une semaine plus tard, j’ai fait la rencontre de Sophie Djowak dans mon cours de sport. Une fille intègre, que j’ai dû relancer cent fois au moins pour lui exposer ma véritable valeur pendant plus d’un an, car j’étais ébloui par l’allure aimante qu’elle dégageait, par sa manière d’être et que je voulais qu’elle m’accompagne au bal l’année suivante.

- Je suis curieuse de savoir ce que Sophie Djowak t’avait répondu pour que tu en viennes à la relancer plusieurs fois?

- Haha, cette phrase vois-tu, je m’en souviens comme si c’était hier! Elle m’avait répondu avec ce petit air snobinard qu’elle prenait toujours avec moi. Un peu comme si elle me considérait déjà comme un Deux de Pique sans même me connaitre, mais bon. Je te jure, elle m’a dit mots pour mots :

« Jamais je n’irai au bal avec un pauvre crétin arrogant, qui s’est fait virer de son ancienne école secondaire et qui en plus, a obtenu une moyenne de D sur son bulletin, » l’imitait Déreck d’une voix stridente.

- Wow! Elle est assez claire et directe cette fille-là! s’exclamait Sunsya qui souriait intérieurement.

            Sunsya souriait puisqu’elle venait de réaliser à l’instant même qu’elle aussi avait traité Déreck de pauvre crétin arrogant lors de leur première rencontre. 

- Ouais!

            Et déjà là, elle avait faux. Je n’avais même pas obtenu une moyenne de D, j’avais obtenu une moyenne de E. Ce qui m’avait fait sourire en attendant ses paroles, puisqu’elle m’estimait un peu plus qu’en réalité finalement.

« Let’s go Déreck, c’est bon signe! » me dis-je à moi-même.

            Même en essayant de lui parler un peu plus chaque jour en étant fidèle à Déreck, un CRÉTIN tout de même, c’était sans doute la phrase la pluuuuus looooongue, qu’elle m’ait adressée pendant les six prochains mois au moins.

            Puis, elle pensait surement que je me moquais d’elle quand je suis parti à rire en entendant sa réponse, puisqu’elle m’avait tourné le dos, la main droite en l’air, avec la même attitude hautaine, avant de repartir quelques mètres plus loin. Et je l’avais très bien entendu articuler  :  « Quel crétin celui-là! »

- Wow! Incroyable! CRÉTIN! UN PAUVRE CRÉTIN ARROGANT! Je pense qu’il s’agit de votre petit surnom d’amour favori pour me définir vous les filles, hein? affirmait Déreck pour taquiner Sunsya un peu, en réalisant à son tour, qu’elle aussi l’avait traité de pauvre crétin arrogant lors de leur première rencontre.

- Haha! Je ne vois pas du tout ce à quoi tu fais allusion en ce moment. Je ne t’ai jamais traité de pauvre crétin arrogant moi. J’ai seulement insinué que tu étais un pauvre crétin arrogant, ce n’est pas pareil! s’exclamait-elle en ricanant. Je ne la connais pas cette fille, mais je l’adore déjà cette Sophie Djowak, lui avoua Sunsya en lui lançant un petit clin d’œil complice.

- Peu importe, vous savez parfaitement à quelle scène de ballet exotique je fais allusion en ce moment mademoiselle Zamie! Et moi aussi, je l’adorais Sophie Djowak d’ailleurs.

            Le fait que cette fille ait eu le culot de me traiter de pauvre crétin arrogant, sans même me connaitre ce jour-là, est l’insulte qui m’a fait réagir. Vraiment cette fois-ci! À partir de cet instant, je m’ennuyais et j’acceptais mieux l’étiquette du FILS ADORABLE que mes parents m’avaient collée étant plus jeune. C’était cette étiquette-là qui m’appartenait. C’était cette étiquette-là que je souhaitais retrouver pour redevenir Déreck et pour que Sophie accepte mon invitation pour le bal.

 

 

 

 

Merci de faire confiance à la Production EMary et je te dis à bientôt!